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Redevabilité des politiques éducatives dans le département du Couffo : les acteurs se retrouvent autour des résultats d’une enquête pour renforcer la participation et l’impact des initiatives éducatives

L’Observatoire Départemental de l’Éducation et le projet PRO-RePEM brossent un état des lieux approfondi devant les autorités, acteurs éducatifs et société civile – Vers une redevabilité plus forte et un pilotage plus équitable des politiques publiques

Par notre rédaction — Préfecture du Couffo, 12 décembre 2025

Dans la salle de conférence de la Préfecture du Couffo, exceptionnellement animée en ce vendredi 12 décembre 2025, s’est tenue une rencontre stratégique de haut niveau consacrée à la restitution des résultats d’une enquête approfondie sur les politiques éducatives mises en œuvre en faveur des filles.
Portée par l’Observatoire Départemental de l’Éducation (ODE) et inscrite dans la dynamique du projet PRO-RePEM, cette rencontre a réuni une constellation d’acteurs institutionnels, techniques et communautaires qui jouent chacun un rôle déterminant dans la gouvernance éducative du département.

Le rôle de l’ASPDP Sabine MEDETADJI épouse DEGUE dans la facilitation des débats

La restitution a été animée par Sabine DEGUE, Assistante Spécialiste Participation et Dialogue Politique (ASPDP), qui a coordonné les échanges et veillé à la participation active de tous les acteurs présents, permettant une discussion constructive sur les constats et les recommandations.

L’objectif majeur était clair : examiner, à partir de données objectives, l’efficacité réelle des mesures éducatives et identifier les leviers d’amélioration pour renforcer l’accès, la rétention et la réussite scolaire des filles dans le Couffo.

Une mobilisation exceptionnelle autour de la gouvernance éducative

La cérémonie d’ouverture a été marquée par la présence d’un impressionnant panel d’autorités administratives et pédagogiques : le Préfet du Couffo, Christophe H. MEGBEDJI, le Secrétaire Départemental, les Directeurs Départementaux du Primaire, du Secondaire, de l’Action Sociale, le Directeur de Zone des Collèges, les Maires ou leurs représentants, les Chefs GUPS, les Présidents Communaux de l’OCE, ainsi que les représentants de Social Watch Bénin et de DEDRAS-ONG.

Cette diversité d’acteurs témoigne de la dimension transversale de la question éducative, qui ne se limite pas seulement aux écoles, mais implique également les services sociaux, les élus, les organisations de la société civile et les structures de santé.

Vincent DJAGNI : un diagnostic sans complaisance et un appel à la vigilance

Le Président de l’ODE, Vincent DJAGNI, en sa qualité de présentateur, a ouvert les travaux par un discours dense et particulièrement engagé. Il a rappelé que cette restitution n’est pas un simple exercice formel, mais un devoir citoyen et institutionnel pour garantir la transparence et l’efficacité des politiques éducatives.

« Nous avons mené cette enquête pour éclairer l’action publique à partir de données fiables. Il s’agit de faire en sorte que les décisions, les programmes et les investissements éducatifs bénéficient réellement aux filles qui en ont le plus besoin. »

Avec une grande lucidité, il a insisté sur la nécessité de dépasser les déclarations d’intention pour aller vers une culture de la preuve où les résultats, les lacunes, les réussites et les défis sont clairement exposés, assumés et corrigés.

Le présentateur Vincent DJAGNI a également mis en exergue la mission fondamentale de l’ODE : accompagner les pouvoirs publics, suivre la mise en œuvre des politiques, mais aussi interpeller lorsque les écarts sont trop importants entre les textes et la réalité.

Il conclut sur une conviction forte :

« Nos filles méritent une école équitable, inclusive et protectrice. Ce n’est pas seulement un enjeu social, c’est un impératif moral et un pilier stratégique pour l’avenir du Couffo. »

Le Partenariat Mondial pour l’Éducation : un soutien stratégique et engagé pour la redevabilité

Le projet PRO-RePEM bénéficie d’un appui essentiel du Partenariat Mondial pour l’Éducation (PME), grâce au Fonds Education Out Loud (EOL). Ce soutien financier et technique constitue un levier majeur pour renforcer la capacité de la société civile à suivre, analyser et influencer les politiques éducatives au Bénin.

Cet engagement international traduit une confiance dans les acteurs locaux et une reconnaissance du rôle central de la participation citoyenne dans l’amélioration de l’éducation. Grâce à l’appui du PME, l’Observatoire Départemental de l’Éducation peut non seulement conduire des enquêtes rigoureuses, mais aussi organiser des restitutions participatives, renforcer les compétences des acteurs éducatifs et faciliter le dialogue constructif .

Le Préfet MEGBEDJI salue une initiative salutaire et exhorte à la responsabilité collective

Le Préfet du Couffo, Christophe H. MEGBEDJI, a officialisé l’ouverture des travaux avec un discours qui a marqué les participants par sa hauteur de vue et son attachement profond à la question éducative.

Il a d’abord félicité les organisations porteuses du projet PRO-RePEM — DEDRAS-ONG et Social Watch Bénin — pour leur engagement constant dans le suivi des politiques éducatives.
Pour lui, ces efforts de veille et de redevabilité sont essentiels au fonctionnement d’une gouvernance moderne.

« L’éducation est le socle du développement. Elle fonde le Bénin de demain. Nous devons veiller à ce que chaque mesure prise par le gouvernement soit appliquée avec rigueur, sans discrimination, et que ses impacts soient mesurés avec honnêteté. »

Le Préfet a souligné que les défis liés à la scolarisation des filles demeurent persistants : manque d’information, résistances socioculturelles, précarité des ménages, perception négative de certaines filières.

Il a appelé chaque acteur à jouer pleinement sa partition, affirmant que le développement du Couffo ne peut se construire sur l’exclusion ou l’abandon des filles.

« Un département où les filles sont laissées en marge est un département qui compromet son futur. Notre responsabilité collective est pleinement engagée. »

Le PRO-RePEM : un projet national pour une redevabilité renforcée

Lancé en avril 2022 et actuellement dans sa deuxième phase (2024-2026), le projet PRO-RePEM vise à renforcer le rôle de la société civile dans l’appréciation de la mise en œuvre des politiques éducatives publiques. Il couvre l’ensemble du territoire national — 12 départements et 77 communes — avec une méthodologie éprouvée centrée sur la collecte de données, la concertation communautaire et la formulation de recommandations.

Le coordonnateur du projet, dans son intervention, a rappelé que la démarche vise à mettre la lumière sur ce qui fonctionne, mais aussi sur ce qui doit être corrigé avec urgence.

« Nos enquêtes ne jugent pas : elles éclairent et orientent. Elles permettent aux autorités, aux écoles et aux familles de savoir où agir et comment améliorer l’impact des politiques éducatives. »

Il a insisté sur la nécessité d’un partage constant d’informations entre les structures éducatives, les services sociaux, les communes et les OSC, sans quoi la chaîne d’intervention reste inefficace.

Exonération des frais scolaires : un dispositif pertinent mais mal connu

Les résultats de l’étude montrent que :

  • 94,1% des personnes interrogées connaissent l’existence des mesures éducatives prises par l’État.
  • Mais seulement 56,8% déclarent avoir effectivement bénéficié de l’exonération des frais de scolarité.
  • 43,2% n’y ont pas eu accès, bien qu’éligibles dans certains cas.

Le manque d’information, la faible communication institutionnelle et les incompréhensions autour des critères d’éligibilité ont été identifiés comme les principaux obstacles.

Pourtant, l’impact psychologique de la mesure est puissant :
75,4% des bénéficiaires se disent « très motivés ».

L’étude confirme aussi que certaines élèves bénéficient de la mesure depuis plus d’une décennie, signe que la politique, lorsqu’elle est bien appliquée, peut maintenir durablement les filles à l’école.

SWEDD : des transferts monétaires qui boostent l’assiduité mais nécessitent un meilleur suivi

Le programme SWEDD reste l’un des dispositifs les plus appréciés :

  • 68,3% des enquêtés indiquent en avoir bénéficié.
  • 89,2% jugent le transfert d’argent « très utile ».
  • 87,3% affirment que leur assiduité scolaire s’est améliorée grâce aux allocations reçues.

Mais des faiblesses subsistent :
plus de 52% des bénéficiaires n’ont jamais été en contact avec les GUPS, pourtant créés pour assurer le suivi communautaire.

Le manque d’encadrement, la régularité des paiements et l’insuffisance de sensibilisation constituent encore des défis majeurs.

EFTP : un intérêt croissant mais une mauvaise perception sociale

L’étude révèle une dynamique encourageante :

  • 66,67% des bénéficiaires ayant opté pour l’enseignement technique sont des femmes.
  • L’agriculture moderne est le domaine le plus prisé.
  • Mais plus de 56% des apprenants expriment des craintes non précisées.
  • Beaucoup déplorent les coûts élevés et la difficulté d’accès à l’emploi après la formation.

Plus préoccupant encore :
de nombreux élèves associent les métiers techniques à un manque de prestige social, favorisant davantage les filières médicales ou académiques.

Cette perception constitue un frein important au développement de l’EFTP dans le Couffo.

Recommandations : renforcer l’équité, la transparence et le suivi communautaire

Les participants ont formulé une batterie de recommandations concrètes, parmi lesquelles :

Pour l’exonération des frais scolaires :

  • Identifier et prioriser les familles les plus vulnérables
  • Étendre la mesure à tous les élèves des établissements publics
  • Créer des cantines scolaires pour réduire les coûts indirects
  • Intensifier la communication et les campagnes d’information
  • Instaurer un suivi transparent des bénéficiaires
  • Évaluer régulièrement l’impact réel sur la scolarité

Pour les transferts SWEDD :

  • Garantir la ponctualité des paiements
  • Associer la mesure à des AGR pour les familles
  • Sensibiliser sur la gestion des fonds
  • Ajuster les montants selon les besoins
  • Renforcer le rôle des GUPS
  • Créer des centres d’accès à Internet
  • Former les familles à la gestion financière

Pour l’EFTP :

  • Intensifier les campagnes de valorisation des métiers techniques
  • Multiplier les centres d’informations scolaires
  • Lier les établissements aux entreprises locales
  • Suivre les apprenants jusqu’à l’emploi
  • Mettre en place des bourses dédiées
  • Engager les communautés dans la promotion de l’EFTP

Un dialogue riche et des engagements renouvelés

La séance d’échanges a permis aux acteurs éducatifs d’exprimer préoccupations et propositions.
Les enseignants ont souligné leur besoin d’un traitement plus équitable après les examens.
Les communes ont plaidé pour une meilleure coordination intersectorielle.
Les responsables de l’ODE ont appelé à une gestion rigoureuse des ressources et à une gouvernance plus transparente.

Une initiative citoyenne pour un Couffo éducatif plus juste

En réaffirmant leur engagement commun, l’ODE, le PRO-RePEM, les autorités départementales et les acteurs éducatifs ont reconnu que seule une collaboration continue permettra de renforcer l’accès des filles à une éducation de qualité.

Cette restitution, alignée sur les exigences de l’ODD4, constitue un pas supplémentaire vers un système éducatif plus équitable, plus inclusif et plus protecteur.

Le Couffo, une fois encore, démontre sa volonté d’être un département où chaque fille peut apprendre, réussir et se projeter dans un avenir meilleur.

Auteur

Firmin SOWANOU

Firmin SOWANOU

Directeur de Publication KAFOWEB

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