L’Olympiade Internationale de Mathématiques (OIM), qui s’est tenue en juillet 2025, a livré un verdict aussi limpide qu’alarmant : aucun pays africain ne figure dans le top 30 mondial. Alors que des pays comme la Chine, les États-Unis, la Corée du Sud ou encore la Pologne brillent par leurs performances, l’Afrique, elle, brille par son absence. Une absence qui n’est pas anodine. Elle traduit une crise silencieuse, mais profonde, de l’enseignement des mathématiques sur le continent.
Une situation préoccupante mais prévisible
Le constat est sans appel. Les systèmes éducatifs africains — dans leur ensemble — peinent à rivaliser avec ceux des pays asiatiques ou européens en matière d’enseignement scientifique. Le manque de moyens, l’insuffisance de formation des enseignants, la quasi-absence de culture mathématique dans les familles, tout cela concourt à une réalité douloureuse : les élèves africains ne sont pas préparés à ce niveau d’excellence.
Comment peut-on espérer voir émerger des génies des mathématiques dans des écoles où il manque parfois des tableaux, des manuels ou même des enseignants qualifiés ? Quand la plupart des programmes restent figés dans des contenus abstraits, déconnectés des enjeux contemporains ou des méthodes pédagogiques modernes, les résultats ne peuvent qu’être décevants.
Un désintérêt croissant chez les jeunes ?
L’Afrique ne manque pourtant pas de talents. Mais ces derniers sont souvent noyés dans un système qui ne sait ni les repérer ni les nourrir. Dans de nombreux pays, les matières scientifiques sont perçues comme des obstacles plutôt que comme des opportunités. Les jeunes s’en détournent, parfois découragés par un enseignement dogmatique, peu stimulant et très orienté vers la mémorisation mécanique.
Un modèle à repenser d’urgence
Il est urgent que les autorités éducatives africaines prennent conscience de l’importance stratégique des mathématiques dans la formation d’une jeunesse compétitive, innovante et apte à répondre aux défis du XXIe siècle. Il ne suffit pas d’intégrer des équations dans les programmes : il faut développer une pédagogie inspirante, des concours nationaux réguliers, des clubs de mathématiques dans les établissements, et surtout valoriser la figure de l’enseignant de mathématiques.
Des initiatives existent déjà — à l’image de l’Union Mathématique Africaine ou de quelques centres d’excellence comme l’AIMS — mais elles restent trop isolées et peu soutenues à l’échelle des États.
L’absence du continent africain dans les premières places de l’OIM 2025 ne doit pas être acceptée comme une fatalité. Elle doit être le point de départ d’une prise de conscience collective. Les mathématiques sont une langue universelle, un outil de développement, un levier de souveraineté. Il est temps que l’Afrique reprenne sa place dans cette compétition mondiale du savoir.
