Au Bénin, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a rendu son verdict dans le dossier de l’ex-délégué financier de la présidence de la République, poursuivi pour abus de fonctions. Il a écopé de 48 mois de prison ferme.
La CRIET n’a toutefois pas suivi les lourdes réquisitions du ministère public, qui avait requis sept (7) ans de prison ferme et 10 millions de FCFA d’amende contre le prévenu.
Dans sa décision rendue ce lundi 7 juillet 2025, la juridiction spéciale a reconnu l’ex-délégué financier coupable d’« abus de fonctions et blanchiment de capitaux ». Il a été condamné à quarante-huit (48) mois de prison ferme et un million de FCFA d’amende.
En outre, la Cour a ordonné la confiscation de plusieurs biens lui appartenant, dont un véhicule. Le frère de l’ex-délégué financier, également poursuivi dans le même dossier, a été relaxé au bénéfice du doute. À son encontre, le ministère public avait proposé une peine de cinq (5) ans de prison ferme.
Par ailleurs, le collaborateur de la Personne responsable des marchés publics (PRMP) impliqué dans le dossier a été relaxé purement et simplement. Le dossier portait sur des violations liées aux procédures de passation de marchés publics.
Des violations évoquées
Le ministère public a relevé des entorses au Code des marchés publics commises par l’ex-délégué financier. Il lui est reproché d’avoir orchestré des montages de dossiers de marchés publics au profit de certains souscripteurs et d’avoir transmis des informations à ces prestataires. Il aurait aussi attribué des marchés publics qu’il faisait exécuter par son frère.
Le parquet spécial l’accuse d’avoir positionné des PRMP dans des structures ciblées pour faciliter l’obtention de marchés. Des documents à en-tête relatifs à ces marchés ont été retrouvés au domicile du prévenu lors de perquisitions, ce qui, selon le magistrat, constitue une preuve tangible de fraude.
Concernant le blanchiment de capitaux, le ministère public soutient que l’ex-délégué a réinvesti les fonds détournés dans des activités pour les dissimuler.
Plaidoiries et défense
Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe pour leurs clients, ne serait-ce qu’au bénéfice du doute. Ils ont dénoncé un dossier déséquilibré, selon eux construit par « le plus fort contre le plus faible », en affirmant que l’ancien délégué financier a agi loyalement mais se retrouve seul à répondre des faits.
Explications du prévenu
À la barre, l’ex-délégué financier s’est défendu avec vigueur, dénonçant un acharnement. Il a rappelé que son rôle consistait à réguler les opérations de dépenses sur le budget général de l’État, notamment en contrôlant la conformité des prix et la validité des dossiers de marchés publics.
Il a pointé du doigt la Garde républicaine, qu’il accuse d’improvisation en 2024. Selon lui, l’instance a transmis ses besoins à la PRMP avec cinq mois de retard, en juin 2024. Les six dossiers n’auraient donc été traités qu’en fin d’année, et validés en janvier 2025, alors que les prestataires, déjà engagés, réclamaient leur dû.
Il a aussi soulevé les difficultés techniques liées au logiciel de transmission des documents, qui aurait perturbé les échanges administratifs.
Quant aux accusations de rétrocommissions de 20 %, il a nié en bloc, affirmant que ses fonctions ne l’autorisent pas à entrer en contact avec les soumissionnaires, sauf cas exceptionnel.
« Si le besoin est urgent, il nous arrive d’aller faire des constatations visuelles », a-t-il reconnu, tout en niant avoir rencontré un seul des six prestataires dont les dossiers sont restés non validés.
Malgré ses explications, la Cour n’a pas été convaincue. Le verdict est tombé : quarante-huit mois de prison ferme.


















