Après plus d’un an de tensions, le Nigeria et le Niger ont officiellement annoncé la reprise de leur coopération militaire, marquant une étape significative dans la stabilisation de la région. Cette décision intervient après une longue interruption provoquée par le coup d’État militaire à Niamey en juillet 2023, qui avait bouleversé l’équilibre politique et sécuritaire dans la région.
Contexte de la rupture : le coup d’État de 2023
En juillet 2023, le Niger a été secoué par un coup d’État militaire qui a renversé le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. Ce coup d’État a rapidement détérioré les relations entre le Niger et ses voisins, notamment le Nigeria. Le président nigérian, Bola Tinubu, qui était également à la tête de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avait initialement adopté une position ferme contre les nouvelles autorités de Niamey. Il envisageait même une intervention militaire régionale pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger.
Cependant, cette approche a provoqué une réaction de la part du Niger, qui s’est rapproché de pays comme le Mali et le Burkina Faso, également dirigés par des régimes militaires. Ensemble, ces trois pays ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES), marquant ainsi leur retrait de la CEDEAO. Cette alliance visait à renforcer leur coopération sécuritaire et à contrer les pressions internationales.
Un nouveau départ : la reprise de la coopération militaire
Malgré cette période de tension, les deux pays ont décidé de relancer leur coopération militaire. Le 28 août 2024, le général Christopher Musa, chef d’état-major de l’armée nigériane, a rencontré son homologue nigérien, le général Moussa Salaou Barmou, à Niamey. Cette rencontre symbolique a marqué un tournant dans les relations bilatérales. Les deux responsables militaires ont réaffirmé leur engagement à travailler ensemble pour assurer la stabilité et la sécurité régionales.
Le Nigeria a également déclaré qu’il ne cherchait pas à déstabiliser le Niger ni aucun de ses voisins, soulignant ainsi son engagement à coopérer pacifiquement. De son côté, le Niger a confirmé son intention de reprendre une participation active dans la Force Multinationale Mixte (FMM), une coalition militaire régionale créée en 1994 pour lutter contre la criminalité transfrontalière et les groupes djihadistes. Cette force comprend des contingents militaires du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun.
Les défis de la coopération régionale
La reprise de la coopération sécuritaire entre le Nigeria et le Niger intervient dans un contexte où la région fait face à de multiples défis sécuritaires. Les groupes djihadistes, dont les campagnes armées ont débuté au Nigeria, ont étendu leur influence aux pays voisins, notamment le Niger, le Tchad et le Cameroun. La prolifération des armes légères dans la région a également exacerbé l’insécurité, facilitant l’émergence de nouveaux conflits.
Lors de leur rencontre, les généraux Musa et Barmou ont reconnu l’impact dévastateur de cette prolifération des armes légères. Ils ont souligné l’urgence d’intensifier les efforts conjoints pour lutter contre ce fléau. En plus de cette problématique, les deux pays doivent faire face à des défis tels que la criminalité transfrontalière, les déplacements de population causés par les conflits et la nécessité de stabiliser les zones affectées par les violences.
Perspectives : vers une coopération renforcée
La rencontre entre les deux chefs d’état-major n’est que le début d’un processus plus large de réconciliation et de coopération. Moussa Salaou Barmou a accepté une invitation à se rendre prochainement au Nigeria pour finaliser les modalités de cette collaboration renouvelée. Ce déplacement sera crucial pour établir les bases d’une coopération durable entre les deux pays.
En conclusion, la reprise de la coopération militaire entre le Nigeria et le Niger représente une avancée significative pour la sécurité de la région. Cependant, pour que cette coopération soit efficace, elle devra s’accompagner d’un engagement mutuel à résoudre les défis complexes qui menacent la stabilité de l’ensemble du Sahel. Le succès de cette initiative dépendra également de la capacité des deux pays à mobiliser d’autres partenaires régionaux et internationaux pour soutenir leurs efforts en matière de sécurité.