Le géant américain des réseaux sociaux, Meta, entame ce lundi un procès très attendu à Washington. L’entreprise dirigée par Mark Zuckerberg est accusée d’avoir abusé de sa position dominante en rachetant Instagram et WhatsApp, dans le but de neutraliser des rivaux potentiels.
Cette affaire, initiée par la Federal Trade Commission (FTC), remonte à 2020, bien que les acquisitions remontent respectivement à 2012 pour Instagram (1 milliard de dollars) et 2014 pour WhatsApp (19 milliards). Les autorités américaines estiment que ces opérations ont étouffé l’innovation en limitant la concurrence dans le domaine des réseaux sociaux personnels.
La FTC soutient que Meta a consolidé un monopole sur ce marché spécifique, en maintenant les utilisateurs captifs sur ses plateformes au détriment d’autres services. Elle distingue clairement Instagram et WhatsApp de plateformes comme TikTok ou YouTube, les jugeant peu comparables par leur usage et leur public cible.
En parallèle, la défense de Meta met en avant la nature concurrentielle du secteur numérique, soulignant que ses investissements ont transformé de jeunes entreprises en leaders mondiaux. Les avocats du groupe insistent aussi sur le fait que les acquisitions avaient été validées à l’époque par les autorités compétentes, et ne devraient donc pas être remises en cause rétroactivement.
Mark Zuckerberg, par ailleurs troisième fortune mondiale, a récemment multiplié les démarches pour renforcer ses relations avec l’administration Trump, allant jusqu’à nommer des proches des Républicains à des postes clés et à assouplir certaines politiques internes de modération. Malgré ses efforts, la tentative d’un règlement à l’amiable semble s’éloigner.
Au cœur des débats, des emails internes de Zuckerberg, évoquant l’impact potentiellement « effrayant » d’Instagram sur Facebook, devraient être utilisés pour démontrer une stratégie délibérée de neutralisation de la concurrence.
Ce procès s’inscrit dans un contexte plus large de régulation du secteur technologique, avec d’autres géants comme Google, Amazon et Apple également visés par des actions similaires. Toutefois, la FTC devra convaincre le juge James Boasberg, connu pour son exigence en matière de preuves, que ses accusations peuvent tenir devant la cour.
Si Meta perd, le groupe pourrait être contraint de se séparer de ses précieuses filiales, marquant un tournant majeur dans la régulation du numérique.
