Présidentielle en Algérie : Trois candidats contestent les résultats provisoires en évoquant des « incohérences »Le climat politique en Algérie s’est considérablement tendu à l’issue du premier tour de la présidentielle du 7 septembre 2024.
Les trois principaux candidats de l’opposition, Abdelaali Hassani du Mouvement pour la société et la paix (MSP), Youssef Aouchiche du Front des forces socialistes (FFS), et un troisième candidat indépendant, ont exprimé leur mécontentement dans un communiqué commun publié le 8 septembre. Ils dénoncent des « incohérences » et des « contradictions » dans les résultats provisoires annoncés par l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie).Résultats controversésSelon l’Anie, le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, aurait remporté le scrutin avec une majorité écrasante de plus de 94 % des voix.
Les chiffres fournis pour les autres candidats sont bien plus modestes : Abdelaali Hassani aurait obtenu 3,1 %, et Youssef Aouchiche 2,16 %. Ces résultats ont immédiatement suscité des contestations, les candidats de l’opposition affirmant que les procès-verbaux en leur possession ne correspondent pas aux chiffres proclamés. Leur communiqué commun évoque des « ambiguïtés, imprécisions et contradictions » non seulement dans les résultats, mais aussi dans le taux de participation. L’Anie a initialement annoncé une participation moyenne de 48,03 %, chiffre en soi inférieur de 7 points par rapport à celui de la présidentielle de 2019.
Toutefois, elle a ensuite communiqué un chiffre absolu de 5,6 millions d’électeurs, sur un corps électoral de près de 24,5 millions de personnes, ce qui suggérerait un taux de participation d’environ 23 % – bien en deçà des premières estimations. Prolongation des horaires de vote et accusations de manipulationLa confusion a été accentuée par la décision de l’Anie de prolonger l’ouverture des bureaux de vote d’une heure, officiellement en raison de l’affluence tardive des électeurs.
Mais selon les déclarations d’un des candidats, certains bureaux seraient restés ouverts jusqu’à quatre heures de plus, une situation jugée anormale et propice aux irrégularités. Le directeur de campagne de Abdelaali Hassani a notamment dénoncé des « pressions sur certains responsables de bureaux de vote pour gonfler les chiffres de participation », affirmant que ces pratiques rappelaient les anciennes méthodes de manipulation électorale souvent décriées par l’opposition algérienne. Une réaction tardive de l’AnieFace à ces accusations, l’Anie n’a pas tardé à réagir, mais sans fournir d’explications précises sur les contradictions relevées. Elle a simplement indiqué qu’elle poursuivait la réception des procès-verbaux de dépouillement, lesquels seraient transmis à la Cour constitutionnelle dès que possible.
Une réponse qui a laissé de nombreux observateurs perplexes quant à la gestion du processus électoral et à la transparence de cette élection. Un contexte tenduPour beaucoup, la question du taux de participation était un enjeu crucial de cette élection. Abdelmadjid Tebboune, réélu en 2019 avec une participation d’à peine 39 %, cherchait à légitimer son pouvoir en évitant de nouveau une faible mobilisation des électeurs. Pourtant, de nombreux bureaux de vote sont restés pratiquement vides, comme en témoignent les images diffusées par certaines chaînes de télévision locales.Si l’issue de cette présidentielle semble actée avec la victoire de Tebboune, la polémique qui entoure le scrutin pourrait fragiliser davantage la légitimité du régime. Les contestations de l’opposition pourraient également donner lieu à de nouvelles tensions politiques dans un pays en proie à une crise économique et sociale persistante.
Il reste à voir si la Cour constitutionnelle validera les résultats ou si elle décidera d’ouvrir une enquête plus approfondie sur les allégations d’irrégularités électorales.Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir politique de l’Algérie.