En direct de la CRIET, le mardi 28 janvier 2025, la quatrième journée du procès d’Olivier Boko et Oswald Homeky a été marquée par le témoignage accablant du Colonel Tévoèdjrè sur l’affaire des fonds suspects dans le cadre de la tentative d’un coup d’État.
À la barre, le Colonel Dieudonné Tévoédjrè, commandant de la garde républicaine, a livré un témoignage minutieux sur ses interactions avec l’ancien ministre Oswald Homéky, qu’il accuse d’avoir tenté de le recruter pour un projet de coup d’État. Son récit, rapporté par Banouto, retrace avec précision une série de rencontres qui se seraient tenues entre mai et août 2024.
Une relation de proximité devenue source de soupçons
Dès l’ouverture de sa déposition, le Colonel Tévoédjrè a rappelé son rôle à la tête de la garde républicaine depuis juillet 2016, une fonction essentielle consistant à protéger le Chef de l’État, sa famille et les membres du gouvernement. Il a également évoqué sa relation étroite avec Oswald Homéky, qu’il considérait comme le ministre avec lequel il entretenait le plus de familiarité, à tel point qu’il le tutoyait.
Mai 2024 : le début des discussions
Le Colonel a affirmé que tout a commencé lors d’une soirée organisée au domicile d’Oswald Homéky, le 30 mai 2024. Ce dernier aurait profité de l’occasion pour critiquer sévèrement le Chef de l’État, exprimant ses frustrations personnelles et déplorant la situation de Tévoédjrè. Selon lui, Homéky aurait déclaré : « Tu es le commandant de garde républicaine le plus pauvre au monde. »
Un mois plus tard, le 30 juin 2024, une deuxième rencontre aurait eu lieu. Cette fois encore, les critiques envers Patrice Talon auraient été au centre des échanges. À cette occasion, Homéky aurait offert 5 millions de FCFA à Tévoédjrè, affirmant avoir reçu 10 millions et vouloir partager cette somme.
Une proposition de changement : la dérive
Le 7 juillet 2024, lors d’une troisième rencontre, l’ancien ministre aurait évoqué une « opportunité » pour améliorer les conditions de vie du Colonel. Les intentions de Homéky se seraient toutefois précisées quelques semaines plus tard. En effet, lors d’une rencontre le 30 juillet, il aurait explicitement mentionné un projet de coup d’État, qu’il aurait justifié par une présumée volonté de Patrice Talon de prolonger son mandat au-delà de 2026.
Selon Tévoédjrè, Homéky aurait commencé à évaluer les forces en présence, cherchant à identifier les chefs militaires susceptibles de s’opposer à leur plan.
Un budget colossal pour un projet risqué
Le 27 août 2024, une autre réunion aurait permis d’aborder les préparatifs plus concrets. Homéky aurait parlé d’un budget d’environ 1,5 milliard de FCFA, destiné à « désintéresser » certains militaires et à assurer la survie des protagonistes en cas d’échec. À ce stade, le plan initial prévoyait une exécution le 30 septembre 2024, veille d’un sommet international auquel devait assister Patrice Talon. Mais un changement dans l’agenda présidentiel aurait poussé les instigateurs présumés à avancer l’opération au 27 septembre.
L’intervention des forces de l’ordre
Quelques jours avant la date fatidique, le 23 septembre 2024, Oswald Homéky aurait confirmé au Colonel que les fonds nécessaires étaient disponibles. Ce dernier se serait rendu chez le ministre, où il aurait récupéré la clé d’un véhicule contenant l’argent. Cependant, avant que le plan ne puisse se concrétiser, les forces de l’ordre sont intervenues, stoppant net les préparatifs.
Selon Tévoédjrè, les discussions prévoyaient une transition militaire dirigée par lui-même, jusqu’à l’organisation d’élections en 2026.
Un procès aux multiples ramifications
Le témoignage du Colonel Tévoédjrè apporte un éclairage crucial sur les accusations visant Oswald Homéky. Toutefois, il a précisé n’avoir jamais discuté du projet avec Olivier Boko, également accusé dans cette affaire.
Ces révélations mettent en lumière les tensions au sein de l’entourage du pouvoir et l’ampleur des ambitions politiques en jeu. Alors que le procès se poursuit, les déclarations du commandant de la garde républicaine pourraient lourdement peser dans ce dossier aux implications majeures.