L’ancien soutien du président Talon et actuel président du Parti populaire panafricain (PPP) livre une analyse critique du régime actuel dans un entretien accordé à Global Africa Telesud.
Un constat alarmant sur la situation des Béninois
Jean-Baptiste Hounguè, président du Parti populaire panafricain (PPP), dresse un tableau sombre de la situation actuelle du Bénin. Selon lui, “les Béninois vont mal, il y a la peur qui embrasse tout le pays”. L’ancien proche du président Patrice Talon affirme que “les Béninois vivent dans la peur aujourd’hui” et “ont peur de leur avenir”.
Cette dégradation, selon Hounguè, aurait commencé à partir de 2016 avec la prise du pouvoir, mais se serait accentuée “à un moment donné” quand le régime “a perdu les pédales”. Malgré les infrastructures réalisées, il estime que “le sentiment général du Béninois est qu’il vit mal“.
La rupture avec la mouvance présidentielle
Jean-Baptiste Hounguè, qui fut l’un des soutiens du président Talon avant son accession au pouvoir, date sa rupture avec le régime à partir de 2019. “Depuis 2019 où nous avions connu une assemblée pratiquement unidirectionnelle, les choses ont commencé par aller mal”, explique-t-il.
L’ancien coordinateur du Bloc républicain dans les 5e et 6e circonscriptions révèle avoir “donné le meilleur de lui-même” et accompagné le président “sans hypocrisie, sans fard”. Cependant, il déplore qu’aujourd’hui, “il suffit seulement de boutonner, de parler bien de lui pour être nommé”, critiquant un système où il faut “caresser dans le sens du poil” pour obtenir des postes.
“La réforme du système partisan a échoué”
L’une des critiques les plus virulentes de Hounguè concerne la réforme du système partisan. Il affirme sans détour que “cette réforme a échoué” et ne permet pas “l’émergence de nouvelles forces politiques”.
Ayant participé à la conception du Bloc républicain, il dénonce le fait que “ce qu’on a écrit dans nos textes, ce n’est pas ce qui se réalise aujourd’hui”. Il prédit même une “implosion dans les partis politiques” car “les gens se sont regroupés de force”.
Selon lui, “le Béninois aujourd’hui ne suit pas son intelligence ou bien sa conscience” mais agit parce que “le pouvoir est là” et qu’il faut “aller chercher sa pitance”.
Un code électoral “carcérogène”
Jean-Baptiste Hounguè qualifie le code électoral actuel de “carcérogène” et affirme qu’il “va détruire notre vivre ensemble”. Il appelle à sa révision “de fond en comble”.
Ses principales critiques portent sur :
Le système de parrainage : Il souhaite que “cette affaire de système de parrainage tombe” et que “ce soit le citoyen qui parraine son candidat”. Il craint qu’avec ce système, “nous allons choisir un président par défaut”.
La règle des 20% : Il dénonce l’exigence d’obtenir 20% des voix dans chaque circonscription électorale avant de pouvoir lever des sièges, estimant qu’aucun pays au monde n’a un tel code. “Même le plus grand président qui a été élu aux États-Unis n’a pas obtenu 20% partout dans toutes les circonscriptions électorales”, argue-t-il.
Un parti “ni de la mouvance, ni de l’opposition”
Jean-Baptiste Hounguè revendique la spécificité de son parti, le PPP, qui selon lui n’appartient “ni à la mouvance présidentielle, ni à l’opposition, ni au centre”. Il définit son parti comme ayant une “idéologie altruiste” et annonce la formation prochaine d’une “grande coalition de partis qui ont la même vision”.
Face aux questions sur les alliances futures, il reste mystérieux, promettant que “le moment venu, vous allez voir que c’est les gens qui vont se rapprocher” de son parti.
Un parcours politique mouvementé
L’entretien révèle un parcours politique complexe : de l’Union fait la nation en 2016, à la création de la coalition Bénin en route, puis sa participation à la fondation du Bloc républicain, avant de quitter ce parti et de créer le PPP après un passage temporaire avec l’UDBN.
Hounguè justifie ces changements par sa volonté de préserver sa vie politique, affirmant avoir quitté le Bloc républicain pour “ne pas faire une relation toxique”.
Des démêlés judiciaires à dimension politique
Jean-Baptiste Hounguè évoque ses problèmes avec la justice, affirmant avoir été “victime d’intrigues politiques”. Condamné pour complicité d’abus de fonction, il maintient son innocence et révèle avoir eu “une altercation devant le chef de l’État” qui aurait motivé ses problèmes.
Il promet que “le moment viendra” pour faire éclater la vérité, précisant qu’il “attend la fin du marché pour faire le compte”.
Conseil à la jeunesse politique
En conclusion, Jean-Baptiste Hounguè conseille aux jeunes qui souhaitent s’engager en politique de “faire très attention, de ne pas faire confiance à tout le monde” et de “militer pour sa conviction et non pour la conviction des autres”.
Un message qui résume sa propre trajectoire et sa vision critique du paysage politique béninois actuel.