La scène politique béninoise s’est récemment animée avec la sortie remarquée du député Léon Basile Ahossi, membre du parti Les Démocrates (LD). L’élu, connu pour son franc-parler, a confirmé de manière directe et assumée être l’auteur de la lettre adressée à Romuald Wadagni, candidat désigné de la mouvance présidentielle pour la présidentielle de 2026. Avec un ton à la fois sérieux et teinté d’humour, il a livré des explications qui donnent un aperçu des tiraillements politiques et des calculs stratégiques propres à la vie publique béninoise.
« La lettre est signée de moi. La lettre est signée Léon Basile Ahossi », a-t-il déclaré avec force, comme pour couper court à toute rumeur et établir sa responsabilité personnelle dans ce geste politique. Cette affirmation tranche avec les habitudes où certains leaders préfèrent la discrétion ou la dénégation. Ici, le député choisit d’assumer pleinement la paternité du document.
Il va plus loin en expliquant les raisons qui l’ont poussé à cette démarche. Selon ses propres propos, sa base militante l’aurait fortement encouragé à chercher un rapprochement avec la mouvance présidentielle. « Ma base m’a dit, maintenant que tu as amorcé ta descente, nous, on ne peut pas tenir dans l’opposition. Il faut que, s’il y a une occasion, qu’on aille à la mouvance », rapporte-t-il. Derrière cette formule imagée, se cache une réalité politique : l’opposition peine à offrir des perspectives rassurantes, et certains militants préfèrent la stabilité des alliances avec le pouvoir en place.
Toutefois, Léon Basile Ahossi ne renie pas son attachement à son parti d’origine. Il a confié avoir eu un échange avec l’ancien président Yayi Boni à ce sujet, au cours duquel il aurait déclaré : « Président, si je ne vais pas là-bas ce n’est pas bon. J’irai, mais mon cœur restera à LD. » Par cette phrase, le député tente d’équilibrer sa démarche : s’ouvrir à la mouvance sans pour autant couper les ponts émotionnels et politiques avec Les Démocrates.
Cette sortie illustre une fois encore la complexité du jeu politique béninois, où les acteurs jonglent entre fidélité partisane et recherche d’opportunités. En assumant publiquement la rédaction de la lettre, Léon Basile Ahossi démontre sa volonté de rester maître de son récit, tout en révélant les tensions qui traversent son camp. Entre pragmatisme politique et attachement sentimental, sa position s’apparente à une équation à double appartenance : le corps dans la mouvance, le cœur dans l’opposition.
