À l’occasion d’une rencontre avec les acteurs locaux à Natitingou, Rachidi Gbadamassi, actuel ministre conseiller à la Défense et ancien proche du président Boni Yayi, n’a pas mâché ses mots. Dans une déclaration qui sonne comme un aveu politique et une rupture assumée, il a salué la gouvernance du président Patrice Talon tout en dressant un bilan sans complaisance des dix années du régime précédent.
« Patrice Talon a réussi là où nous avons échoué pendant dix ans. Nous avons fait du surplace, du populisme, laissant les vrais problèmes de développement pour arnaquer le peuple par des prières et des marches », a déclaré Gbadamassi sous les applaudissements d’une partie de l’assistance.
Ce tacle direct à l’encontre du régime de Boni Yayi – dont il fut l’un des soutiens avant de rallier le camp Talon – met en lumière les clivages persistants dans la classe politique béninoise. Selon lui, la décennie passée sous Yayi a été marquée par un manque de vision stratégique, une gouvernance théâtrale, et un recours excessif aux slogans religieux et aux manifestations populaires, au détriment des réformes structurelles.
À l’inverse, Gbadamassi vante le pragmatisme, la rigueur et les résultats concrets de l’actuel président Talon, qu’il considère comme un modèle de rupture. Il a exhorté les leaders locaux à sortir des anciennes pratiques pour accompagner efficacement les actions du gouvernement actuel.
Ces propos, venant d’un acteur ayant connu les arcanes du pouvoir sous les deux régimes, pourraient relancer les débats sur l’héritage politique de Boni Yayi et la nature du changement opéré depuis 2016 avec l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir.