L’audience dans l’affaire DANGNIVO s’est poursuivie tard dans la nuit avec des révélations troublantes. Bernard Lani Davo, ancien ministre sous le régime de Boni Yayi, a été appelé à la barre pour s’expliquer sur des faits liés à la disparition du fonctionnaire pierre urbain DANGNIVO et des transactions suspectes impliquant un détenu. Son témoignage a mis en cause l’ancien chef de l’État, affirmant qu’il avait reçu un appel d’un individu se présentant comme un garde présidentiel, agissant au nom de Boni Yayi.
Interrogé par le tribunal, Bernard Davo a déclaré qu’il n’avait pas cherché à vérifier l’identité de la personne qui lui demandait d’envoyer de l’argent à un détenu. « Le Président Yayi ne m’a pas appelé. Et je n’ai pas demandé le nom de la personne qui m’a contacté », a-t-il affirmé. Lorsqu’un avocat de la défense lui demande s’il ne s’est pas posé de questions en recevant un tel appel, il répond que cette affaire vise à lui nuire.
Les échanges se sont enflammés lorsque la partie civile l’a confronté à Donatien Amoussou, un gendarme qui aurait reçu de l’argent de sa part. Bernard Davo a confirmé avoir remis une somme d’argent à un homme en prison, expliquant que la voix au téléphone l’avait exhorté à fournir une aide financière. « J’ai expliqué que je n’avais pas d’argent, la personne m’a alors demandé d’essayer de trouver 50 000 francs. Ce que j’ai fait, et je suis allé à la prison de Missérété », a-t-il expliqué.
L’ancien ministre a toutefois nié toute implication dans un éventuel abonnement Canal+ au profit du détenu, alors que Donatien Amoussou affirme que Davo lui aurait demandé son numéro de décodeur. Face à ces contradictions, le tribunal a cherché à comprendre la nature exacte de la relation entre les deux hommes et les véritables motivations derrière cette transaction.
L’affaire a pris une tournure encore plus sombre avec le témoignage du médecin légiste Clément Padonou, qui a apporté des précisions sur l’exhumation d’un corps à Womey, supposé être celui de pierre urbain DANGNIVO. Selon ses constatations, le corps retrouvé était en état de putréfaction avancée et plusieurs organes avaient été prélevés : un cœur, une langue, une portion de la mandibule, un testicule et une oreille. Le couteau retrouvé sur place ne serait pas l’arme du crime et la mandibule fracturée aurait été retrouvée dans la terre.
Le légiste a insisté sur le fait que son rôle était purement technique et qu’il ne pouvait pas tirer de conclusions hâtives sur l’identité de la victime ou les circonstances précises de son décès. Il a également précisé que la taille du corps exhumé ne devait pas être confondue avec celle de la victime lorsqu’elle était encore en vie, soulignant ainsi les limites des expertises post-mortem dans cette affaire.
Alors que la tension montait dans la salle, le procureur a rappelé que, pour l’instant, aucun assassin n’a été désigné officiellement, seulement des accusés. L’ancien ministre Bernard Davo, lui, a prêté serment en affirmant ne pas connaître les deux accusés et n’avoir jamais été en contact direct avec DANGNIVO. Il soutient cependant que la personne qui l’a appelé agissait bien au nom de l’ancien Président Boni Yayi, une déclaration qui ajoute une nouvelle dimension politique à cette affaire déjà complexe.
L’audience s’est poursuivie tard dans la nuit sous haute tension. Le président du tribunal a averti : « Si vous voulez une suspension, on va le faire, mais j’ai déjà dit que la nuit sera longue. » Les prochains développements seront cruciaux pour faire la lumière sur cette affaire qui, plus d’une décennie après la disparition de urbain DANGNIVO, continue de susciter de nombreuses interrogations.
