Les parlementaires béninois mobilisés pour moderniser le cadre législatif de lutte contre le VIH
La station balnéaire de Grand-Popo accueille depuis lundi un atelier stratégique réunissant les membres des commissions permanentes de l’Assemblée nationale béninoise et les cadres administratifs du Parlement. Cette initiative conjointe de l’Institut parlementaire du Bénin (IPaB) et du Programme Santé de Lutte contre le Sida (PSLS), avec l’appui technique de l’ONUSIDA, marque une étape cruciale dans la modernisation de l’arsenal juridique national contre le VIH/SIDA.
Une mobilisation parlementaire face à une urgence sanitaire sous-estimée
Représentant le Président de l’Assemblée Nationale Louis G. Vlavonou, l’honorable Victor P. Topanou, président de la Commission de l’Éducation, a officiellement lancé ces travaux en rappelant une réalité préoccupante : si la pandémie de COVID-19 a monopolisé l’attention mondiale ces dernières années, elle a paradoxalement relégué la lutte contre le VIH/SIDA au second plan.
“L’attention mondiale s’est largement portée sur la COVID-19 ces dernières années, reléguant le VIH/SIDA au second plan. Pourtant, les données restent préoccupantes”, a déclaré l’honorable Topanou, soulignant la responsabilité particulière des députés dans l’atteinte de l’objectif d’éradication du VIH à l’horizon 2030.
Un cadre législatif obsolète qui entrave la lutte
Dr Diallo Yayé Kanny, Directrice-Pays de l’ONUSIDA au Bénin, a pointé du doigt les insuffisances criantes du dispositif légal actuel. La loi n°2005-31 du 5 avril 2006, vieille de près de deux décennies, ne répond plus aux exigences contemporaines de la lutte contre le VIH/SIDA.
Cette révision urgente s’impose pour intégrer les avancées scientifiques majeures, respecter les standards internationaux en matière de droits humains et s’adapter aux nouvelles réalités épidémiologiques et sociales de la maladie.
Les contours d’une législation moderne et inclusive
Intervenant au nom du Ministre de la Santé, Dr Anita Wadagni a précisé les objectifs ambitieux du projet de loi en préparation. Ce nouveau texte ambitionne de :
- Renforcer substantiellement les droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA
- Garantir un accès équitable et universel aux soins et traitements
- Lutter efficacement contre la stigmatisation et les discriminations
- Mieux encadrer et coordonner les interventions des acteurs publics et privés
“Ce texte s’inscrit dans une vision humaniste, inclusive et résolument moderne de la santé publique”, a-t-elle souligné, marquant une rupture avec l’approche parfois répressive du passé.
L’adhésion des parlementaires à cette démarche s’est traduite par la proposition de Victor P. Topanou d’organiser prochainement un atelier d’imprégnation élargi à l’ensemble des députés sur les contours de cette future législation.
Des chiffres qui interpellent malgré les progrès
L’état des lieux épidémiologique présenté lors de l’atelier révèle une situation contrastée mais préoccupante. En 2024, la prévalence nationale du VIH chez les 15-49 ans s’établit à 0,7 %, un taux relativement modéré à l’échelle continentale.
Cependant, cette moyenne nationale masque de profondes disparités. Chez certaines populations clés particulièrement vulnérables, la prévalence atteint des niveaux alarmants, soit 5 à 10 fois supérieurs à la moyenne nationale.
Les données de l’ONUSIDA révèlent également que les objectifs internationaux sont loin d’être atteints. Entre 2010 et 2023, les nouvelles infections au VIH n’ont reculé que de 46 % et les décès de 55 %, très en deçà de l’objectif mondial de 75 % de réduction. Ces chiffres constituent un rappel à l’ordre et un appel à intensifier la riposte nationale.
Un engagement institutionnel renouvelé
Dr Romaric Akpovo, Directeur adjoint de l’IPaB, s’est félicité de l’engagement manifeste des parlementaires dans cette démarche. Il a salué la synergie entre tous les partenaires impliqués et rendu hommage au soutien constant du Président Vlavonou envers l’institution parlementaire.
Cette mobilisation parlementaire s’inscrit dans une approche globale visant à faire du Bénin un modèle régional en matière de lutte contre le VIH/SIDA, alliant efficacité sanitaire et respect des droits humains.
L’atelier de Grand-Popo marque ainsi le début d’un processus législatif qui pourrait transformer durablement la prise en charge du VIH/SIDA au Bénin, avec l’ambition de concilier impératifs de santé publique et exigences de justice sociale.