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Jacques Ayadji vs Guy Mitokpè : Qui dit vrai sur le chantier de l’Assemblée nationale ?

Le projet de construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale du Bénin fait l’objet d’une polémique publique entre Jacques Ayadji, ministre-conseiller, et Guy Mitokpè, secrétaire à la communication du parti d’opposition Les Démocrates. Cette controverse porte sur une baisse apparente des taux d’exécution des travaux, soulevant des questions sur la transparence et la gestion du projet. Analysons les arguments des deux camps pour démêler le vrai du faux.

Les positions en présence

Guy Mitokpè : L’accusateur

  • Critique principale : Dénonce une baisse significative du taux d’exécution du projet
  • Ton adopté : Catégorique et accusateur (“Vous mentez… nous vaincrons”)
  • Base de ses critiques : Les chiffres officiels révélés par le gouvernement lui-même

Jacques Ayadji : Le défenseur

  • Explication avancée : Modification probable de l’envergure du projet
  • Justification technique : Augmentation de la quantité de travaux à exécuter
  • Proposition d’action : Audit conjoint sur le terrain

Analyse des chiffres controversés

Les données qui alimentent le débat sont éloquentes :

  • Taux d’exécution physique : Chute de 70% à 64%
  • Taux d’exécution financière : Baisse dramatique de 69% à 46%

Cohérence des explications

L’explication de Jacques Ayadji présente une logique apparente : si le projet a été élargi en cours de route, il est mathématiquement possible que le pourcentage d’avancement diminue même si les travaux progressent. Cependant, cette justification soulève plusieurs questions :

  1. Pourquoi une telle modification n’a-t-elle pas été communiquée publiquement ?
  2. Comment expliquer que le taux financier baisse plus drastiquement que le taux physique ?
  3. Où sont les documents officiels attestant de ces modifications ?

Forces et faiblesses des arguments

Arguments de Jacques Ayadji

Forces :

  • Propose une explication technique plausible
  • Fait preuve d’ouverture en proposant un audit conjoint
  • Évite les accusations personnelles

Faiblesses :

  • Reste dans le domaine des hypothèses (“probable modification”, “on aurait augmenté”)
  • N’apporte pas de preuves documentaires immédiates
  • La différence entre les baisses physique et financière reste inexpliquée

Arguments de Guy Mitokpè

Forces :

  • S’appuie sur des chiffres officiels du gouvernement
  • Soulève des questions légitimes de transparence
  • Interpelle l’opinion publique sur un projet d’envergure

Faiblesses :

  • Adopte un ton accusateur sans proposer d’investigation approfondie
  • N’offre pas d’alternative constructive au débat
  • Risque de politiser excessivement un sujet technique

Le défi de la transparence

Cette controverse révèle un problème plus large : la communication autour des grands projets publics au Bénin. Plusieurs éléments interpellent :

  • L’absence de reporting régulier et détaillé sur l’avancement des travaux
  • Le manque de justification immédiate des variations importantes
  • La nécessité d’attendre une polémique pour obtenir des explications

Verdict provisoire

En l’état actuel des informations disponibles, aucun des deux protagonistes ne peut prétendre détenir la vérité absolue :

  • Guy Mitokpè a raison de s’interroger sur des chiffres préoccupants et de réclamer des comptes
  • Jacques Ayadji propose une explication cohérente mais insuffisamment étayée

Recommandations pour une résolution transparente

  1. Audit indépendant : Faire appel à un cabinet d’expertise indépendant pour évaluer la situation
  2. Documentation complète : Publier tous les avenants et modifications du projet initial
  3. Communication régulière : Instaurer un reporting trimestriel public sur l’avancement
  4. Visite conjointe : Donner suite à la proposition de Jacques Ayadji avec la présence de médias

Cette polémique illustre parfaitement les défis de la gouvernance transparente dans les grands projets publics. Si la proposition d’audit conjoint de Jacques Ayadji constitue un pas dans la bonne direction, elle ne devrait être qu’un prélude à une refonte complète de la communication autour de ce projet stratégique.

La vérité émergera probablement de la confrontation terrain proposée par le ministre-conseiller. En attendant, les citoyens béninois sont en droit d’exiger plus de transparence sur l’utilisation de leurs ressources publiques, quelle que soit la couleur politique de celui qui pose les questions.

L’audit annoncé sera-t-il le révélateur de cette controverse ? L’avenir nous le dira.

Auteur

Firmin SOWANOU

Firmin SOWANOU

Directeur de Publication KAFOWEB

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