La réapparition de la mpox, anciennement connue sous le nom de variole du singe, a récemment déclenché une vague de théories du complot, rappelant celles qui avaient émergé au début de la pandémie de Covid-19. Le 14 août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale, le niveau d’alerte le plus élevé, en raison de la propagation d’une nouvelle souche de cette maladie en provenance de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Pour les théoriciens du complot, cette déclaration est la preuve que l’épidémie a été délibérément orchestrée, répétant ainsi un schéma similaire à celui de la pandémie de Covid-19.
Un retour des figures complotistes
Les acteurs influents de la désinformation pendant la pandémie de Covid-19 ont rapidement adapté leurs récits pour les appliquer à la mpox. Parmi eux, Silvano Trotta, une figure majeure de la désinformation dans les sphères francophones, et Alexis Cossette, un Québécois connu pour propager des théories conspirationnistes entre les États-Unis et la France, ont réactivé leurs réseaux pour propager l’idée d’une nouvelle manipulation mondiale. Le collectif RéinfoCovid, qui s’était opposé aux restrictions sanitaires et aux vaccins à ARN, est également de retour, cette fois pour dénoncer la gestion de la mpox.
Bill Gates, cible récurrente des complots sanitaires
Dans ce contexte, Bill Gates, le milliardaire américain et principal donateur privé de l’OMS, est de nouveau au cœur des spéculations. Une image de Gates avec des boutons en forme de dollars sur le visage circule, accompagnée du slogan « Follow the money » (« Suivez l’argent »). Selon ces théories, Gates tirerait profit de chaque crise sanitaire grâce à ses brevets sur les vaccins. Ce n’est pas la première fois qu’il est la cible de telles accusations : en 2020, des théories du complot l’avaient déjà désigné comme responsable de l’apparition du Covid-19. Aujourd’hui, un discours prononcé par Gates en 2021, où il exprimait sa crainte d’un usage bioterroriste de la variole, est interprété comme une preuve de son implication dans la propagation de la nouvelle souche de mpox.
Un rejet persistant des origines zoonotiques
Comme pour le Covid-19, les théoriciens du complot rejettent l’idée que la mpox puisse avoir une origine naturelle. Malgré les preuves scientifiques montrant que la variole du singe circule principalement via des rongeurs, certains préfèrent nier cette zoonose en avançant des arguments ironiques et en se moquant du nom de la maladie. Des publications virales parlent de « l’acné de la coccinelle » ou de « l’otite de l’escargot », comme pour ridiculiser l’idée que des maladies puissent émerger chez les animaux. Cette tendance à rejeter les preuves scientifiques vise à accuser les scientifiques, et plus particulièrement les virologues, de manipulations dangereuses.
La théorie du laboratoire refait surface
Dès les premières semaines de la pandémie de Covid-19, des théories suggérant que le virus avait échappé d’un laboratoire avaient émergé. Qu’il s’agisse d’un accident de recherche ou d’une arme biologique, ces spéculations n’ont jamais cessé. Aujourd’hui, la mpox est elle aussi victime de ces théories. Un reportage de 2019, montrant des travaux en laboratoire sur une souche de variole, est utilisé par certains pour prétendre que cette souche aurait été « entièrement recréée par des chercheurs canadiens » dans le but de nuire à la population.
Un faux retour de Big Pharma
Dans ce contexte de méfiance et de désinformation, certains complotistes prétendent que l’alerte de l’OMS n’est qu’un prétexte pour enrichir les grandes entreprises pharmaceutiques, souvent désignées sous le terme « Big Pharma ». Silvano Trotta, figure de la désinformation, affirme que la peur est délibérément amplifiée pour pousser les gens à se faire vacciner. Cependant, cette théorie est en décalage avec la réalité, puisque les vaccins contre la variole et ses différentes souches sont des génériques, rapportant peu aux grandes sociétés pharmaceutiques. De plus, contrairement au Covid-19, la mpox n’est pas une maladie qui se transmet par voie aérienne, mais par contact physique ou par des gouttelettes, rendant inutile des mesures sanitaires extrêmes telles que les confinements.
L’émergence de la mpox montre une fois de plus comment les crises sanitaires peuvent être exploitées pour alimenter des théories du complot, répétant des schémas bien connus depuis le début de la pandémie de Covid-19. Ces discours, souvent sans fondement, continuent de semer la confusion et de nuire à la compréhension des véritables enjeux de santé publique.