Au Bénin, consommer à l’extérieur est devenu une habitude quotidienne pour bon nombre de citoyens, notamment les travailleurs et les étudiants. Restaurants de luxe, fast-foods de quartier, maquis, vendeuses de rue ou cuisinières ambulantes dans les marchés, chacun y trouve son compte. Mais derrière ces plats savoureux et ces jus aux couleurs attirantes, se cache une réalité inquiétante : l’hygiène et la sécurité alimentaire sont loin d’être garanties.
Il est fréquent pour un Béninois sur quatre de se nourrir hors de son domicile, souvent par manque de temps ou de moyens. Mais ces repas sont-ils réellement cuisinés dans le respect des normes sanitaires ? De nombreuses observations tendent à prouver le contraire. L’utilisation de condiments douteux, de légumes avariés ou encore de bouillons industriels aux origines incertaines est monnaie courante.
Plus grave encore, certains jus de bissap ou d’ananas, censés être naturels, contiendraient du formol, commercialisé sous le nom trompeur de Evivi, utilisé normalement pour la conservation des cadavres. Ce produit chimique est parfois mélangé aux jus pour en prolonger la durée de conservation ou améliorer artificiellement leur goût. À cela s’ajoutent des colorants nocifs, des arômes de synthèse, et des bouteilles recyclées rarement bien nettoyées.
Dans les marchés, la situation est tout aussi préoccupante. Des fruits, des légumes, du poisson ou encore de la viande sont régulièrement aspergés de ce même Evivi pour repousser les mouches ou ralentir leur pourrissement. Le tout, souvent au vu et au su de tous, sans la moindre intervention des autorités sanitaires.
Cette prolifération de pratiques dangereuses interroge : existe-t-il un véritable contrôle sanitaire dans les restaurants, les marchés et autres lieux de restauration ? Si les grandes structures peuvent parfois échapper à la surveillance par des astuces bien ficelées, le laisser-aller dans les marchés populaires est tout simplement inadmissible. Comment un produit aussi toxique que le formol peut-il être vendu comme un ingrédient culinaire, en plein marché, sans aucune alerte ?
Les nutritionnistes sont clairs : bien manger, c’est vital. Mais manger sainement est essentiel pour préserver sa santé. Face à ces pratiques alarmantes, il est urgent que l’État, les municipalités et les associations de consommateurs prennent leurs responsabilités. La santé publique est en jeu.