En République démocratique du Congo (RDC), le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a réaffirmé le 6 janvier 2025 à Kinshasa la détermination du gouvernement à appliquer la peine de mort contre les membres de gangs urbains, communément appelés « Kulunas ».
Cette déclaration s’inscrit dans le cadre de l’opération « Zéro Kuluna – Ndobo », menée conjointement par les ministères de la Justice et de l’Intérieur ces dernières semaines. L’objectif est de lutter contre la criminalité urbaine en arrêtant et en condamnant les membres de ces gangs. Le ministre a précisé que les peines capitales seraient exécutées après l’épuisement de tous les recours et appels légaux.

Cette position ferme intervient après la levée, en mars 2024, du moratoire sur la peine de mort en vigueur depuis 2003. Depuis cette levée, les condamnations à mort se sont multipliées, notamment à l’encontre de membres présumés de bandes criminelles et de groupes armés.
Cependant, cette décision suscite de vives réactions de la part des organisations de défense des droits humains. Amnesty International a exprimé sa préoccupation face à la possibilité d’exécutions massives imminentes, en l’absence d’informations fiables sur le statut des personnes condamnées à mort. L’organisation appelle le président Félix Tshisekedi à renoncer publiquement à tout projet d’exécution et à instaurer un moratoire sur les exécutions, en attendant l’abolition totale de la peine de mort.

De plus, des inquiétudes sont soulevées quant aux conditions de détention des condamnés. Le ministre de la Justice a confirmé le transfert de plus de 170 condamnés à mort de Kinshasa vers la prison d’Angenga, située dans le nord-ouest du pays. Des avocats et des organisations de défense des droits humains dénoncent ces transferts vers des prisons éloignées, rendant difficile l’accès des familles et des avocats aux détenus, et pointent du doigt les conditions de détention précaires pouvant conduire à des décès dus à la faim et aux maladies.
La communauté internationale suit de près cette évolution. Les Nations Unies ont réitéré leur opposition à la peine de mort en toutes circonstances et ont appelé les autorités congolaises à maintenir le moratoire sur les exécutions, en vue de son abolition définitive.
En dépit de ces appels, le gouvernement congolais semble résolu à utiliser la peine capitale comme moyen de dissuasion contre la criminalité urbaine. Cette position ouvre un débat sur l’efficacité et l’éthique de la peine de mort dans la lutte contre l’insécurité en RDC.