Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir chaque lundi le résumé de l'actualité au Bénin et dans le monde.

Souveraineté minière : la Guinée révoque 46 licences pour reprendre le contrôle de ses ressources stratégiques

Dans une décision à forte portée politique, la République de Guinée a révoqué 46 licences minières dans le cadre d’une vaste opération de réforme de son secteur extractif. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie affirmée de reprise en main des ressources naturelles du pays, au cœur d’un effort national de souveraineté économique et de développement local.

Premier producteur africain de bauxite, la Guinée détient à elle seule plus de 25 % de l’offre mondiale de ce minerai essentiel à l’industrie de l’aluminium. En 2023, ses exportations ont progressé de 11 %, principalement à destination de la Chine. Mais cette performance cache une réalité préoccupante : de nombreux opérateurs miniers, notamment de petite taille, sont accusés de manquements répétés à leurs obligations légales, environnementales et sociales.

Le gouvernement guinéen, par cette révocation de masse, entend assainir le secteur et mieux encadrer l’exploitation de ses ressources. Selon une source citée par Reuters, la mesure cible principalement des “petites licences” détenues par des entreprises jugées inactives ou peu performantes. Les grandes sociétés internationales, notamment chinoises et russes, ne seraient pas concernées dans l’immédiat. Cependant, le message est sans équivoque : **désormais, l’État guinéen dictera les règles du jeu.

Une réforme multidimensionnelle

Au-delà de l’assainissement du secteur, cette opération vise plusieurs objectifs structurants :

  • Renforcer la mobilisation des recettes fiscales issues du secteur minier,
  • Améliorer la gouvernance et la transparence,
  • Aligner l’exploitation des ressources avec les priorités nationales, notamment la transformation locale des matières premières.

Dans cette optique, les autorités encouragent vivement la construction d’unités de raffinage d’alumine, afin de mettre fin à l’exportation de bauxite brute. Ce principe a été réaffirmé lors des récents échanges entre le gouvernement et les industriels, dans un climat tendu mais déterminé à redéfinir les termes de la coopération.

Une tendance continentale affirmée

La Guinée ne fait pas cavalier seul. Du Ghana au Niger, en passant par le Burkina Faso et le Mali, de nombreux pays africains initient des politiques similaires de réappropriation souveraine de leurs ressources naturelles. Face aux tensions géopolitiques et aux dérèglements du marché mondial, ces États misent sur une exploitation plus responsable et plus profitable à leurs populations.

Avec une production projetée de 200 millions de tonnes de bauxite à l’horizon 2025 soit une hausse de 35 % par rapport à 2023 – la Guinée entend consolider sa position stratégique, tout en posant les bases d’un développement minier plus équitable, plus durable, et plus souverain.

Auteur

Firmin SOWANOU

Firmin SOWANOU

Directeur de Publication KAFOWEB

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Partager l'article:

Facebook
Twitter
LinkedIn
Telegram
WhatsApp
Reddit

Articles relatifs