Le Burkina Faso hausse le ton face à la montée du terrorisme au Sahel et l’attitude jugée passive de la communauté internationale. Lors d’une intervention marquante, Jean Emmanuel Ouédraogo, ministre de la Communication, a lancé un appel pressant à l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour qu’elle rompe avec ce qu’il qualifie de “silence coupable” face à la situation sécuritaire dramatique dans la région.
« Nous souhaitons que les Nations Unies portent enfin le message des peuples qui luttent pour leur souveraineté. L’ONU ne doit plus rester silencieuse face au parrainage du terrorisme dans le Sahel par certains pays dits puissants », a-t-il affirmé, sans détour.
Ce cri de colère traduit un ras-le-bol grandissant au sein des gouvernements sahéliens qui, tout en menant une guerre asymétrique contre des groupes armés, dénoncent de plus en plus ouvertement les ingérences extérieures et les complicités supposées de certaines puissances étrangères. Selon Ouédraogo, cette guerre n’est pas seulement contre des groupes sans foi ni loi, mais aussi contre un système mondial qui, par calcul géopolitique ou intérêts économiques, fermerait les yeux sur les causes profondes de cette insécurité.
Le ministre a également critiqué la tendance de certaines instances internationales à nuancer ou relativiser le qualificatif de “terroriste”, selon les zones géographiques ou les intérêts en jeu. « Un terroriste est un terroriste. Il est inconcevable d’user de termes qui puissent légitimer l’action du terroriste », a-t-il martelé, dénonçant un deux poids, deux mesures que subiraient les pays africains.
Derrière cette sortie vigoureuse, c’est toute une nouvelle diplomatie sahélienne qui s’affirme : plus souverainiste, plus directe, et surtout déterminée à dénoncer ce qu’elle perçoit comme une hypocrisie internationale. À travers cette déclaration, Ouagadougou appelle à une révision urgente des priorités de l’ONU, à plus de cohérence dans la lutte contre le terrorisme, et à un soutien concret aux nations africaines qui refusent de plier face à l’instabilité orchestrée ou entretenue.
Ce message fort intervient dans un contexte où plusieurs pays du Sahel – Burkina Faso, Mali, Niger – ont amorcé un recentrage de leur politique extérieure, remettant en cause des partenariats traditionnels et s’ouvrant à de nouveaux alliés. L’heure est à la reconquête de la souveraineté, non seulement sur le plan sécuritaire, mais aussi diplomatique et symbolique.
Le Burkina Faso, à travers la voix de Jean Emmanuel Ouédraogo, envoie ainsi un signal clair : le continent africain n’entend plus être le théâtre d’un jeu d’influence international qui sacrifie la stabilité et la vie des populations sur l’autel des intérêts géostratégiques.