Dans le cadre des travaux d’aménagement des espaces publics, une opération de grande envergure s’est déroulée à Pahou, l’un des arrondissements de la commune de Ouidah. Cette initiative, menée par les autorités locales, a entraîné la destruction de plusieurs biens privés, notamment une église, des boutiques et des hangars. Cette action, justifiée par la volonté de libérer les terrains publics occupés illégalement, a suscité un profond mécontentement parmi les populations locales, plongées pour certaines dans une désolation totale.
Les autorités locales justifient leur action
Les autorités locales, responsables de cette opération, maintiennent leur position. Selon elles, ces infrastructures démolies étaient érigées sur des espaces publics de manière illégale, ce qui freinait les efforts de développement et d’aménagement de la commune.
Elles expliquent que la libération des espaces publics est essentielle pour garantir un environnement urbain ordonné et pour mener à bien des projets structurants au profit de la communauté. Toutefois, cette fermeté ne semble pas suffire à apaiser la colère et la frustration des populations affectées.
Mécontentement et désolation des populations
Du côté des commerçants et des habitants, l’indignation est palpable. Plusieurs déplorent le manque de communication et l’absence de notification préalable avant la démolition de leurs biens. Certains propriétaires estiment qu’un avertissement aurait permis de limiter les pertes matérielles et financières en déménageant leurs biens à temps.
« Nous avons été pris au dépourvu. Aucune annonce claire ne nous a été faite. Aujourd’hui, je perds mon commerce et toute ma source de revenu », déclare un commerçant, visiblement bouleversé par la situation.
D’autres habitants, notamment les propriétaires de l’église détruite, parlent d’un sentiment de désespoir. « Cette église était un lieu de rassemblement et de prière pour de nombreuses personnes du quartier. La voir ainsi réduite en gravats est une véritable tragédie », confie un membre de la communauté religieuse locale.
Une initiative diversement accueillie
Bien que la plupart des victimes expriment leur mécontentement, d’autres habitants soutiennent l’action des autorités. Certaines vendeuses locales, par exemple, admettent que les installations détruites gênaient leurs activités commerciales et leur visibilité. « Ces hangars et boutiques anarchiques nuisaient à nos affaires. Maintenant, nous espérons un aménagement plus structuré qui profitera à tout le monde », affirme une commerçante favorable à cette initiative.
Cependant, ces avis favorables ne compensent pas la désolation ressentie par de nombreux habitants, pour qui la perte est à la fois financière et émotionnelle.
Place aux rumeurs et à la confusion
L’opération a également alimenté des rumeurs, certains habitants affirmant que certains biens ont été ciblés sans réel fondement légal. D’autres contestent les affirmations des autorités selon lesquelles les occupants n’auraient pas été informés, créant un climat de suspicion autour de l’opération.
Une nécessité de communication et de compensation
Cette situation met en lumière la nécessité pour les autorités locales de mieux communiquer autour de ce type d’initiatives. Un dialogue avec les populations concernées auraient permis d’atténuer les tensions et de minimiser les pertes.
Pour beaucoup, la question de compensation se pose désormais. « Il faut que les autorités pensent à nous reloger ou à nous soutenir dans la reprise de nos activités », réclame une victime de la démolition.
L’opération de libération des espaces publics à Pahou reflète un dilemme courant dans de nombreuses communes : entre aménagement urbain et impact social, trouver le bon équilibre reste un défi. Si cette initiative vise à structurer l’espace public, elle rappelle également l’importance d’inclure les populations dans le processus de décision pour éviter de creuser davantage le fossé entre gouvernants et gouvernés.