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Togo : première élection sénatoriale qui inaugure le nouveau régime parlementaire

Togo : première élection sénatoriale qui inaugure le nouveau régime parlementaire

Le Togo vit un moment historique ce samedi 15 février 2025, avec la tenue de ses premières élections sénatoriales. Cet événement marque une étape cruciale dans la transition vers un nouveau régime parlementaire, instauré par l’adoption d’une nouvelle Constitution en avril 2024. Les Togolais, à travers leurs représentants locaux et régionaux, sont appelés à élire les membres de la chambre haute du Parlement, une institution inédite dans le paysage politique du pays.

Un scrutin inédit pour une nouvelle ère politique

Les opérations de vote ont débuté tôt ce matin du 15 février, mobilisant 1527 conseillers municipaux et 179 conseillers régionaux. Ces derniers devront choisir parmi 89 candidats pour désigner 41 sénateurs, qui rejoindront les 20 membres nommés par le président du Conseil des ministres. Au total, le Sénat togolais comptera 61 membres, chargés de jouer un rôle clé dans le nouveau système parlementaire.

Cette réforme constitutionnelle, adoptée en avril dernier, a profondément transformé le paysage politique togolais. Elle met fin à l’élection du président de la République au suffrage universel et instaure un régime parlementaire où le pouvoir exécutif est détenu par un président du Conseil, chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Le président de la République, quant à lui, devient une figure honorifique, sans réelles prérogatives politiques.

Un changement controversé

La nouvelle Constitution n’a pas manqué de susciter des débats et des critiques, notamment de la part de l’opposition et de la société civile. Ces derniers y voient une manœuvre de l’actuel chef de l’État, Faure Gnassingbé, pour se maintenir au pouvoir indéfiniment. En effet, sous l’ancienne Constitution, Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, ne pouvait briguer qu’un dernier mandat en 2025. Avec ce changement, il pourrait désormais occuper le poste de président du Conseil, concentrant ainsi l’essentiel du pouvoir exécutif.

Le parti de Gnassingbé, l’Union pour la République (Unir), a largement dominé les élections législatives d’avril 2024, remportant 108 sièges sur 113 à l’Assemblée nationale. Cette victoire écrasante a renforcé la position du parti au pouvoir, tout en alimentant les accusations de fraude électorale et de manque de transparence de la part de l’opposition.

Un boycott partiel et des tensions politiques

Le scrutin sénatorial est marqué par le boycott de plusieurs grands partis d’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces démocratiques pour la République (FDR) et la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP). Ces formations dénoncent un processus électoral biaisé et une réforme constitutionnelle qui, selon elles, consolide le pouvoir de l’actuel régime.

Seul l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), chef de file de l’opposition, a décidé de participer au scrutin, aux côtés d’autres petits partis d’opposition. Cette division au sein de l’opposition affaiblit sa capacité à contester efficacement les résultats et à mobiliser l’opinion publique.

Une transition vers la cinquième République

Le gouvernement togolais défend cette réforme comme une avancée vers une démocratie plus inclusive et décentralisée. Gilbert Bawara, ministre de la Réforme du service public, a déclaré que la nouvelle Constitution “établit une logique de déconcentration des centres de décision et de partage du pouvoir, avec une gouvernance concertée, participative et de proximité”.

Une fois le Sénat installé, Faure Gnassingbé devrait être officiellement désigné président du Conseil, consolidant ainsi son emprise sur le pouvoir exécutif. Les députés et sénateurs éliront ensuite un président de la République, dont le rôle sera largement symbolique.

Un scrutin sous surveillance

Les élections sénatoriales se déroulent dans un contexte de tensions politiques et de restrictions médiatiques. Les envoyés spéciaux des médias étrangers n’ont pas obtenu d’accréditations pour couvrir le scrutin, une situation qui rappelle les élections législatives et régionales d’avril dernier. Cette opacité alimente les craintes quant à la transparence et à la légitimité du processus électoral.

En somme, ces premières élections sénatoriales marquent un tournant dans l’histoire politique du Togo. Elles inaugurent une nouvelle ère institutionnelle, mais soulèvent également des questions sur l’équilibre des pouvoirs et l’avenir de la démocratie dans le pays. Le scrutin de ce 15 février 2025 sera donc un test crucial pour la stabilité politique et la crédibilité du nouveau régime parlementaire togolais.

Auteur

Firmin SOWANOU

Firmin SOWANOU

Directeur de Publication KAFOWEB

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