L’ancien ministre de l’Énergie affirme que ses déclarations à Parakou ont été mal interprétées, mais l’examen intégral de ses propos démontre le contraire.
L’ancien ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Mines, Paulin Akponna, tente aujourd’hui de minimiser la portée de ses déclarations controversées prononcées lors d’une visite de terrain à Parakou. Dans un communiqué publié ce samedi 28 juin 2025, il affirme que ses propos ont été “mal interprétés” et présente ses excuses, déclarant : “Les interprétations données par les uns et les autres à juste titre de mes propos tendent à accuser mon prédécesseur. Ce qui n’est ni juste ni fondé. Aucune preuve ne sous-tend mes propos.”
L’ancien ministre précise qu’il n’avait “nullement l’intention d’incriminer son prédécesseur” et présente ses excuses à toutes les personnes qui auraient pu se sentir blessées par ses déclarations. Selon lui, son objectif était de “mettre en lumière certains dysfonctionnements dans le secteur énergétique et non de porter des accusations personnelles”, concluant par son attachement aux valeurs de respect et de solidarité dans la gestion des affaires publiques.
Cependant, l’analyse intégrale de ses déclarations originales à Parakou révèle une réalité bien différente de ses affirmations actuelles. Voici l’intégralité de ses propos prononcés sur le terrain :
“Je suis véritablement triste de me retrouver dans un quartier ou dans un arrondissement de Parakou sans eau et électricité. J’imagine qu’il doit y en avoir beaucoup. Après autant d’investissements ou de mobilisation de ressources par le gouvernement du président Talon au profit du ministère de l’Énergie, de l’Eau et des Mines depuis 2016 jusqu’à ce jour, je crois que nous avons eu affaire à des siphonneurs du budget national, portant sur des dizaines de milliards destinés à améliorer les conditions de vie de nos populations.
Ces siphonneurs, en divagation dans la nature, devront tôt ou tard répondre de leur gestion. Et cela ne saurait tarder, parce que ce que je vois ici à Parakou est criminel, surtout quand on sait que des fils de cette localité ont été placés à la tête de la gouvernance de l’eau et de l’électricité.
Ce sont des aventuriers politiques avec des ambitions démesurées, incapables d’honorer leur petit mandat. La Bible dit : soyez fidèles dans les petites choses pour entrer dans la joie de votre maître. Les petites choses, on en voit les résultats depuis qu’on a commencé les visites de terrain.
Je voudrais remercier le ministre conseiller GBADAMASSI et toute l’équipe qui travaille avec lui, car il contribue à exposer ce que ces délinquants de la République ont caché au président Patrice Talon. C’est une question de responsabilité. Nous allons apporter des solutions rapides, car le président Talon a mobilisé les ressources nécessaires pour que ce travail soit fait.
Mais certains politiciens véreux, sans foi ni loi, de simples commerçants politiques, sont bien plus préoccupés par leurs ambitions personnelles que par le mandat qui leur a été confié et les efforts fournis par le gouvernement.
Heureusement que le génie du président a pensé à la réforme du système partisan, afin que plus jamais aucun individu ne détourne massivement les deniers publics pour venir distribuer des miettes aux populations avant de se réfugier à l’Assemblée nationale. C’est terminé ! Désormais, ce sont les partis politiques qui seront forts, et le Bloc Républicain entend s’imposer comme le premier des partis politiques au Bénin.”
L’examen objectif de ces déclarations révèle une contradiction flagrante avec les affirmations actuelles de Paulin Akponna. Lorsqu’il évoque des “siphonneurs du budget national” dans le contexte direct de la gestion du ministère de l’Énergie “depuis 2016 jusqu’à ce jour”, il établit un lien temporel explicite avec les responsables précédents. Sa référence aux “fils de cette localité placés à la tête de la gouvernance de l’eau et de l’électricité” constitue une désignation personnalisée qui contredit formellement ses dénégations actuelles.
L’utilisation d’un vocabulaire particulièrement dur – “siphonneurs”, “délinquants de la République”, “aventuriers politiques”, “politiciens véreux” – dans le contexte spécifique de l’évaluation de la gestion passée du secteur énergétique, démontre que ces qualificatifs ne peuvent être interprétés comme des observations générales sur les dysfonctionnements du secteur.
La logique même de son discours, qui oppose la situation actuelle qu’il déplore aux “investissements mobilisés par le gouvernement du président Talon” depuis 2016, établit une responsabilité directe des gestionnaires antérieurs dans les carences constatées. Son remerciement au ministre conseiller Gbadamassi “qui contribue à exposer ce que ces délinquants de la République ont caché au président Patrice Talon” confirme le caractère accusateur et personnalisé de ses propos.
Cette tentative de rétropédalage de Paulin Akponna illustre probablement l’ampleur des réactions négatives qu’ont suscitées ses déclarations initiales. En affirmant aujourd’hui qu’aucune preuve ne sous-tend ses propos, il reconnaît implicitement le caractère infondé de ses accusations, tout en tentant de préserver sa crédibilité politique.
L’affaire révèle les tensions qui peuvent exister au sein de l’appareil gouvernemental et soulève des questions sur la cohérence de la communication des responsables publics. Les excuses présentées par l’ancien ministre suffiront-elles à apaiser la controverse ou ne feront-elles qu’accentuer les interrogations sur sa gestion de cette affaire qui continue de marquer l’actualité politique béninoise.