Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir chaque lundi le résumé de l'actualité au Bénin et dans le monde.

Cameroun : À 92 ans, Paul Biya, nouvel adepte des réseaux sociaux, lance sa campagne numérique à cinq mois de la présidentielle, multipliant les appels à l’unité

À 92 ans, le président camerounais multiplie les publications sur X (ex-Twitter) et Facebook, dans un tournant inédit de sa communication, à l’approche du scrutin d’octobre 2025. Un virage stratégique analysé comme un prélude à une possible candidature.

Depuis le 1er avril 2025, les publications du président camerounais Paul Biya sur les réseaux sociaux se succèdent presque quotidiennement, en français et en anglais. Sur X (ex-Twitter) et Facebook, le chef de l’État, habituellement discret dans les médias, s’exprime désormais sur des sujets aussi sensibles que l’unité nationale, la cohésion sociale ou la paix, dans un contexte marqué par des tensions persistantes dans les régions anglophones.

Le 12 mai dernier, il écrivait : « Tous ensemble, nous devons continuer à bâtir une société saine constituée d’êtres humains qui se plaisent dans la compagnie des uns des autres, au lieu de se percevoir plutôt comme des loups les uns pour les autres ». Une semaine plus tôt, il réaffirmait sa vision unitaire : « La séparation n’est pas un projet […] Unis, nous sommes respectés et crédibles sur la scène internationale ».

Un changement stratégique à cinq mois du scrutin

Cette présence numérique inhabituelle pour un dirigeant souvent qualifié de silencieux ne passe pas inaperçue. Pour de nombreux analystes, il s’agit d’un amorçage politique, une étape de préparation à une potentielle annonce de candidature à la présidentielle prévue en octobre.

Thomas Atenga, enseignant en communication à l’Université de Douala, y voit une « stratégie de visibilité auprès des publics institutionnels », tandis que le politologue Aboya Manasse évoque un « ajustement aux codes de la jeunesse pour construire une proximité virtuelle ».

Avec plus de 13 millions d’internautes en 2024 et 5,45 millions d’utilisateurs de réseaux sociaux début 2025 (dont une faible proportion sur X), l’environnement numérique camerounais devient un terrain incontournable pour toucher l’électorat, en particulier les jeunes.

Critiques d’une “résurrection numérique”

Mais ce virage n’est pas salué unanimement. L’universitaire camerounais Alexie Tcheuyap, basé au Canada, dénonce une manœuvre « pour redonner vie à un pouvoir moribond » et « immortaliser un prince déclinant ». Il critique également la domination de la communication politique par une « faune médiatique locale à genoux ».

Une stratégie tardive mais symbolique

Si les adversaires politiques de Paul Biya ont depuis longtemps investi le numérique, ce dernier – qualifié de « candidat statutaire » du RDPC – semble vouloir rattraper le temps perdu, s’appuyant sur une parole soigneusement calibrée et des messages centrés sur l’unité, dans un pays encore fragilisé par la crise anglophone et les discours de division.

Auteur

Firmin SOWANOU

Firmin SOWANOU

Directeur de Publication KAFOWEB

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Partager l'article:

Facebook
Twitter
LinkedIn
Telegram
WhatsApp
Reddit

Articles relatifs