Rencontre entre le gouvernement et la jeunesse : Boni Yayi répond à Talon et apporte des clarifications

Les déclarations du président Patrice Talon lors de sa rencontre avec la jeunesse béninoise au palais de la Marina le lundi 28 juillet 2025 continuent de faire réagir. L’ancien président Boni Yayi a tenu à apporter des clarifications importantes ce vendredi 1er août 2025, contestant fermement les propos de son successeur concernant leurs supposés échanges réguliers.

Les déclarations de Talon qui font polémique

Lors de sa séance d’échanges avec les jeunes Béninois, Patrice Talon avait affirmé entretenir des relations cordiales et des rencontres fréquentes avec son prédécesseur, aujourd’hui président du parti d’opposition Les Démocrates. Ces propos, formulés en réponse à Guy Dossou Mitokpè, secrétaire national à la communication des Démocrates, ont laissé entendre l’existence d’une entente discrète entre les deux hommes, malgré l’opposition politique affichée.

La mise au point de Boni Yayi

Dans une vidéo diffusée sur son compte TikTok ce vendredi, l’ancien chef d’État a catégoriquement démenti ces affirmations. “Ça fait un moment que nous nous sommes vus mon jeune frère (Patrice Talon) et moi. Ça remonte à des mois, des mois et des mois”, a déclaré Boni Yayi, précisant que leur dernière entrevue s’est déroulée au palais de la République.

Cette rencontre, selon l’ex-président, avait été marquée par une déclaration troublante de Patrice Talon affirmant que “le pardon est une erreur”. Une position qui contraste avec les appels répétés à la réconciliation nationale formulés par l’opposition.

Des contacts limités aux messages de paix

L’ancien président a également évoqué une autre rencontre datant de juillet 2024, dans le cadre de la restitution de la médiation entre le Bénin et le Niger, en présence de l’ex-chef d’État Nicéphore Dieudonné Soglo. Depuis lors, affirme-t-il, aucune rencontre physique n’a eu lieu.

Boni Yayi reconnaît néanmoins avoir maintenu des contacts sporadiques par SMS avec le président actuel. Ces messages, explique-t-il, visaient essentiellement à “souhaiter la paix dans le pays et souhaiter qu’il prenne des dispositions pour libérer ceux qui sont encore en prison et de rappeler ceux qui sont en exil”.

L’affaire Julien Kansou et les préoccupations persistantes

Le dernier échange par message remonte à l’arrestation de Julien Kansou, membre des Démocrates, pour lequel Boni Yayi avait sollicité la clémence présidentielle. Cette démarche illustre la position délicate de l’ancien président, tiraillé entre son rôle d’opposant et sa responsabilité d’ancien chef d’État soucieux de la stabilité nationale.

L’ex-président a également exprimé son “écœurement” face à la situation du journaliste Comlan Hugues Sossoukpè, arrêté à Abidjan puis extradé au Bénin, et actuellement sous mandat de dépôt. Son dossier est en instruction à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).

Un dialogue politique au point mort

Cette clarification de Boni Yayi met en lumière les tensions persistantes entre le pouvoir et l’opposition au Bénin. Contrairement à l’image d’un dialogue apaisé véhiculée par les déclarations présidentielles, la réalité semble être celle d’une communication réduite au strict minimum, centrée sur des appels humanitaires plutôt que sur un véritable échange politique.

Les révélations de l’ancien président soulèvent des questions sur la stratégie de communication du gouvernement et sur les perspectives réelles de réconciliation nationale. Elles rappellent également que malgré les apparences, le fossé entre le pouvoir et l’opposition reste profond, compromettant les chances d’un dialogue politique constructif et inclusif.