Le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a récemment déclaré que le Togo n’exclut pas de rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES). Une déclaration qui a suscité une vive réaction de Guy Sagna, député sénégalais au parlement de la CEDEAO. Selon lui, ces propos relèvent d’une manœuvre de chantage politique visant à museler les critiques sur les dérives démocratiques du régime de Faure Gnassingbé.
Dans une interview accordée à VoxAfrica, Robert Dussey a affirmé : « Si le Parlement décide que le Togo doit rejoindre les pays de l’AES, pourquoi ne le ferait-il pas ? » Cette prise de position intervient alors que la CEDEAO est fragilisée par le départ de trois pays dirigés par des régimes militaires.
Pour Guy Sagna, cette posture est une tentative claire du Togo de mettre la pression sur l’organisation régionale. Dans une publication sur sa page Facebook, il accuse le président Faure Gnassingbé de vouloir détourner l’attention des violations des droits humains et des crises politiques internes : « Le message est clair : si la CEDEAO aborde la question de la démocratie, des mandats illimités, des prisonniers politiques ou des violences d’État au Togo, alors le régime Gnassingbé menace de rejoindre l’AES. »
Le député sénégalais pointe du doigt une stratégie visant à contraindre la CEDEAO au silence sur des problématiques majeures : l’absence de limitation des mandats présidentiels, les atteintes aux libertés fondamentales et la situation des prisonniers politiques. Il interpelle également l’organisation régionale et l’AES sur leur responsabilité face à ces enjeux. Selon lui, la CEDEAO doit cesser d’ignorer les graves violations des droits humains au Togo et prendre des mesures pour sauvegarder la démocratie dans la région.
Cette déclaration, perçue comme un pavé dans la mare, reflète les tensions croissantes entre certains États membres de la CEDEAO et les ambitions affichées de l’AES, qui regroupe pour l’instant des pays en rupture avec l’ordre constitutionnel. Le débat autour de cette question ne manquera pas d’alimenter les discussions au sein de l’organisation sous-régionale, déjà fragilisée par les récents bouleversements politiques en Afrique de l’Ouest.