Sous pression depuis plusieurs semaines, le Premier ministre canadien Justin Trudeau, au pouvoir depuis près de dix ans, a annoncé sa démission ce lundi 6 janvier 2025. Il restera néanmoins en poste jusqu’à ce que son Parti libéral désigne un successeur. Cette annonce, faite devant Rideau Cottage à Ottawa, intervient dans un contexte politique et économique tendu.
Un départ sous le poids des défis politiques et économiques
Justin Trudeau, 53 ans, a déclaré avec émotion :
“Ce pays mérite un véritable choix lors des prochaines élections. Il est devenu clair pour moi que si je dois mener des batailles internes, je ne peux pas être Premier ministre.”
Cette décision intervient alors que son parti accuse un retard de plus de 20 points dans les sondages face au leader conservateur Pierre Poilievre. Des élections législatives se profilent et les critiques pleuvent sur le bilan de Trudeau, accusé d’être responsable de l’inflation galopante, de la crise du logement et des services publics en difficulté.
Le Premier ministre est également fragilisé par la démission surprise de sa vice-Première ministre, Chrystia Freeland, en désaccord avec sa gestion des relations économiques avec les États-Unis. Cette crise a été exacerbée par les menaces du président élu Donald Trump d’imposer de lourdes taxes sur les exportations canadiennes, un coup dur pour une économie déjà sous tension.
Un parcours marqué par des réformes audacieuses et des défis majeurs
Fils de l’ancien Premier ministre Pierre Elliott Trudeau, Justin Trudeau a marqué son mandat par des réformes ambitieuses, notamment :
- La légalisation du cannabis, faisant du Canada le deuxième pays au monde à franchir cette étape.
- L’instauration de l’aide médicale à mourir.
- La mise en place d’une taxe carbone.
- La signature d’une version modernisée de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna).
Cependant, après une décennie au pouvoir, l’engouement autour de sa personnalité s’est estompé, et son gouvernement minoritaire a peiné à maintenir une stabilité politique.
Un avenir incertain pour le Parti libéral
Avec la suspension du Parlement jusqu’au 24 mars, les libéraux doivent rapidement s’organiser pour désigner un nouveau leader. Parmi les noms évoqués figurent Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada, et Chrystia Freeland, malgré son récent départ. Toutefois, les analystes estiment que le parti fait face à une “cause perdue” face à la montée en puissance des conservateurs.
“Personne n’est en position aujourd’hui au Parti libéral de recréer un engouement,” estime André Lamoureux, politologue à l’Université du Québec à Montréal.
Un moment charnière pour le Canada
Alors que Justin Trudeau s’apprête à quitter la scène politique, il laisse derrière lui un pays à la croisée des chemins, confronté à des enjeux économiques, sociaux et géopolitiques majeurs. Le défi pour son successeur sera de restaurer la confiance des Canadiens tout en préparant le pays aux prochaines élections législatives.