Les tensions entre les États-Unis et la Chine prennent une nouvelle dimension alors que Washington accuse Pékin d’avoir mené plusieurs opérations de cyberespionnage d’une ampleur inédite. Ces intrusions, révélées fin 2024, visent des infrastructures stratégiques américaines, notamment le Trésor et les réseaux télécoms. La Maison-Blanche voit dans ces attaques une tentative de la Chine de collecter des informations cruciales avant le retour de Donald Trump au pouvoir.
des attaques ciblées sur le trésor américain
Le 30 décembre, une lettre adressée au Sénat a révélé une intrusion dans les serveurs du Trésor américain, qualifiée d’”incident majeur”. Initialement, les espions chinois étaient soupçonnés d’avoir accédé à des documents non classifiés. Cependant, il a été confirmé par la suite qu’ils ont également infiltré l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), un organisme stratégique chargé de l’élaboration des sanctions économiques américaines.
Pour Marc Lanteigne, spécialiste de la Chine à l’Université arctique de Norvège, cette opération pourrait permettre à Pékin de découvrir les potentielles cibles chinoises des sanctions américaines et de planifier des contre-mesures. Ces informations sensibles pourraient également profiter aux alliés de la Chine, comme la Russie.
Bien que Washington affirme que les informations les plus sensibles n’auraient pas été compromises, cette attaque envoie un message clair : la Chine se prépare à une possible escalade dans la guerre commerciale, anticipant les mesures protectionnistes et anti-chinoises que Donald Trump a promis de mettre en œuvre dès son retour à la Maison-Blanche.
le réseau de télécoms infiltré par “salt typhoon”
En parallèle, une autre attaque de grande ampleur a été attribuée au groupe de hackers chinois “Salt Typhoon”. En octobre 2024, les autorités américaines ont découvert que ce groupe avait réussi à infiltrer les réseaux de télécommunications de plusieurs opérateurs majeurs, dont AT&T, Verizon et Lumen Technologies. Fin décembre, ce nombre était monté à neuf opérateurs piratés.
Ces intrusions ont alarmé Washington. Le FBI, qui considère ce piratage comme “le plus grave de l’histoire des télécoms américains”, a même conseillé aux citoyens d’utiliser des messageries cryptées pour protéger leurs communications.
L’ampleur de l’opération dépasse les simples métadonnées des communications (destinataire, heure et lieu). Les enquêteurs craignent que les hackers aient accédé au contenu des conversations, y compris celles de personnalités influentes telles que Donald Trump et le vice-président élu, J.D. Vance.
Plus inquiétant encore, les espions chinois auraient découvert quels numéros sont placés sur écoute par les agences américaines de renseignement, mettant potentiellement en danger leurs propres agents infiltrés.
anticiper l’arrivée de trump
Pékin a nié toute implication dans ces cyberattaques, tout en rappelant que les États-Unis ont eux-mêmes une longue histoire de cyberespionnage, comme l’a révélé Edward Snowden en 2013. Cependant, les experts estiment que l’agressivité et l’audace des récentes opérations chinoises marquent une accélération notable.
Selon Marc Lanteigne, la Chine cherche à obtenir un maximum d’informations avant l’entrée en fonction de Donald Trump, perçu comme imprévisible et résolu à intensifier la guerre commerciale. “Il y a une urgence à collecter des données avant qu’un éventuel durcissement des relations bilatérales ne limite l’accès à ces informations”, explique-t-il.
Les attaques sur les télécoms et le Trésor semblent viser à établir un système d’écoute durable, y compris pour la période où Trump sera de nouveau en fonction. Mais Washington, pour l’instant, ne sait pas combien de temps il faudra pour éradiquer totalement la présence chinoise dans ses systèmes critiques.
une escalade des tensions
Ces révélations interviennent dans un climat déjà tendu entre les deux superpuissances. Si les États-Unis intensifient leurs accusations, la Chine, de son côté, cherche à se défendre tout en continuant de renforcer ses capacités numériques. Les opérations de cyberespionnage deviennent ainsi un terrain central de confrontation, reflétant les rivalités géopolitiques et économiques croissantes entre Washington et Pékin.
Le retour de Donald Trump pourrait encore durcir les relations entre les deux nations, faisant des infrastructures numériques un enjeu clé de cette bataille pour la suprématie mondiale.