À l’approche des élections générales de 2026, le paysage politique béninois est marqué par une montée en puissance de la transhumance politique, un phénomène où les élus changent d’allégeance pour des raisons stratégiques. Alors que la réforme du système partisan visait à assainir la vie politique, elle semble paradoxalement encourager des alliances opportunistes et des repositionnements qui redéfinissent les équilibres politiques.
Une réforme partisane aux effets ambivalents
La réforme du système partisan, avec des exigences strictes comme le seuil de représentativité (15 % de parrainage et 20 % des suffrages dans chaque circonscription), a profondément bouleversé l’échiquier politique. Si cette mesure visait à rationaliser le nombre de partis et renforcer la cohésion politique, elle a aussi marginalisé les petites formations politiques. Incapables de surmonter ces obstacles, de nombreux élus issus de ces partis se tournent vers des formations dominantes pour assurer leur survie politique.
Cependant, ce ralliement se fait souvent au prix de leurs convictions idéologiques, renforçant l’image d’un système motivé davantage par des intérêts personnels que par des principes politiques solides.
Une opposition fragmentée et affaiblie
Ce phénomène de transhumance pèse lourdement sur l’opposition. Déjà divisée, elle peine à unir ses forces autour d’un projet commun capable de rivaliser avec le pouvoir en place. Des personnalités influentes, longtemps hostiles au président Patrice Talon, adoptent désormais des stratégies pragmatiques, laissant l’opposition encore plus éclatée.
En revanche, cette situation pourrait profiter à certaines figures de l’opposition qui redéfinissent leurs priorités et s’efforcent de séduire un électorat lassé par les alliances de circonstance. Mais sans une base unie, la tâche de contrer la majorité présidentielle reste complexe.
Une majorité sous pression
Le camp du président Talon n’est pas à l’abri de ce phénomène. Si la majorité semble solide en apparence, des tensions internes commencent à émerger. Certains membres, confrontés à des critiques croissantes de la population sur la gestion des affaires publiques, envisagent de quitter le parti présidentiel pour se repositionner en vue des échéances de 2026. Ces départs éventuels pourraient fragiliser la cohésion de la majorité et ouvrir de nouvelles opportunités pour des alliances inédites.
Vers une recomposition politique majeure
Ce contexte annonce une nouvelle ère de recompositions politiques au Bénin. Les prochaines élections pourraient être le théâtre de luttes acharnées pour le contrôle des institutions, avec des alliances temporaires et des défections opportunistes redessinant les rapports de force.
Les grands partis devront mobiliser toutes leurs ressources pour maintenir ou conquérir une position centrale dans la gouvernance. Cette situation laisse entrevoir des campagnes électorales âprement disputées, où la quête de pouvoir primera souvent sur les convictions politiques, confirmant la fragilité structurelle du système partisan béninois.